19e, 20e et 21e LYNX RELÂCHES PAR LE CENTRE ATHENAS

Six jeunes lynx avaient été capturés par le Centre Athénas durant l’automne 2019 suite à la disparition de leurs mères respectives. 3 d’entre eux n’avaient pas survécu,ayant contracté le typhus pour deux d’entre eux, et une infection pulmonaire pour la troisième. Ces jeunes individus arrivent en effet au Centre dans un état souvent très dégradé, et avec un statut immunitaire défaillant, en raison de leur faiblesse, de l’arrêt de l’allaitement et du stress occasionné par leur situation. Les trois survivants ayant eux même contracté le calicivirus, ont du subir quarantaine et soins soutenus durant plusieurs semaines.


La suite de leur élevage s’est déroulée de façon plus sereine, avec, comme pour leurs prédécesseurs, un protocole spécifique comportant la mise en présence d’une femelle adulte et la mise à disposition en fin d’élevage de proies vivantes. Les jeunes lynx quittant leur mère à l’âge de 10 mois environ, la période de relâcher idéale pour nos trois pensionnaires, de jeunes mâles, était comprise entre le 15 avril et fin mai, soit légèrement plus tard que la normale mais à une période où la ressource alimentaire est à son optimum (reproduction d’ongulés et de renards). Les sites de relâcher ont été choisis les proches possible des lieux de capture de chacun dans le Jura, le Doubs et l’Ain. Dès la validation des services de l’État obtenue pour les dates et les sites, les lâchers ont pu avoir lieu.


Comme cela est prévu dans le cadre de la dérogation ministérielle accordée au Centre pour mener ces opérations, chaque lâcher a donné lieu au préalable à un examen vétérinaire complet (paramètres respiratoires et cardiaques, parasitologie, embonpoint, musculature), à des prélèvements sanguins, au contrôle de leur transpondeur (puce), et à la pose du collier GPS qui permettra de les suivre une année durant. Cet examen, réalisé sous sédation légère est suite d’une phase de réveil de 3 heures avant de prendre la route vers le site de relâcher.


Tram a été relâché le 23 avril aux Planches en Montagne (39), sur le site même de sa capture 6 mois plus tôt. Il a depuis effectué plus de 25km de déplacements et se trouve un mois plus tard à plus de 12 km à vol d’oiseau de son site de relâcher. Il a consommé durant cette période 2 ongulés mais surtout des petites proies durant ses déplacements. Nous avons eu la chance de l’observer à deux reprises (grâce aux localisations GPS et malgré sa grande méfiance à l’égard de l’espèce humaine.


Ben a été relâché le 29 avril à Paroy (25), non loin de son site de capture. Ce survivant d’une fratrie de 3 nous a gratifié d’un départ fulgurant et prometteur pour l’avenir. Malheureusement, 2 jours plus tard, constatant un stationnement anormal des localisations GPS, nous alertons l’OFB et nous rendons sur place avec un agent, pour découvrir que Ben était mort depuis plusieurs heures. L’autopsie a conclu à une mort naturelle pour laquelle la recherche fine des causes est encore en cours. Malformation cardiaque d’origine génétique, comme déjà constaté en Suisse? Les conclusions définitives le diront. Inutile de dire l’immensité de notre déception, après les efforts consentis et l’espoir suscité.


Enfin, Pixel a été relâché le 19 mai à Chezery-Forens (01), à 15km de son lieu de capture (Zone industrielle de Bellegarde, où il était bien entendu impensable de le relâcher). Depuis son relâcher, il a parcouru 10km et absorbé de fortes déclivités, ce qui témoigne de sa bonne forme. Plusieurs stationnements nocturnes laissent à penser qu’il a consommé de petites proies, et tout récemment un stationnement plus prolongé laisse penser à un ongulé, ce qui sera validé par une visite de terrain.


Malgré la mort prématurée de Ben, les réinsertions en nature réussie de Tram et Pixel sont porteuses d’espoir pour l’espèce, comme la survie en nature depuis 6 mois de Mona relâchée en novembre 2019 après la réparation de sa mâchoire fracturée et la réimplantation d’un croc artificiel.

Le lynx boréal est une espèce menacée, impactée par deux causes majeures de mortalité, les collisions routières et le braconnage. En 2019, 17 alertes ont donné lieu à 12 interventions de notre part sur le terrain qui se sont soldées par 9 captures d’individus en difficulté. Parmi ces 9 individus, 4 ont pu être relâchés, et 1 est en attente, avec un pronostic réservé. En 2020, déjà deux interventions du Centre ont eu lieu pour des individus subadultes en péril. Ceux-ci n’ont pas survécu.

L’aire de présence temporaire du lynx a diminué, son aire de présence permanente stagne (source OFB), ceci a une seule signification : ses effectifs diminuent et les naissances de jeunes suffisent à peine à compenser les mortalités d’adultes. A ceci s’ajoutent de fortes inquiétudes au sujet de son statut génétique et de son état sanitaire.

Quelles que soient les difficultés passées et à venir, quels que soient les obstacles que l’on oppose de tous côtés, nous sommes plus que jamais déterminés à continuer. En 33 ans, nous avons recueilli/capturé 65 lynx en difficulté. 21 d’entre eux ont pu être relâchés et 19 ont survécu durablement, contribuant ainsi à son maintien par la seule vraie action de conservation de l’espèce menée en France.

Nous avons besoin du soutien de tous pour continuer et notamment d’un soutien financier qui nous confère une parole libre et nous permet de lutter contre le braconnage et ceux qui laissent faire. Nous sommes déterminés à faire payer le juste prix au braconniers mais aussi à ceux qui ferment les yeux pour continuer de nier l’évidence et qui, lorsque l’évidence s’impose, nous accusent de fabriquer de fausses preuves pour protéger leurs intérêts ou leur position .



Chaque lynx compte, chaque signalement est important, chaque prise de parole contre le braconnage est vitale pour l’espèce.

La peur et l’insécurité doivent changer de camp. La parole doit se libérer.

Trop de personnes en milieu rural craignent des représailles ou une ostracisation. Il faut changer ça !

#balancetonbraco


POUR TOUT SIGNALEMENT DE DESTRUCTION DE LYNX OU D’AUTRE ESPÈCE PROTÉGÉE

Écrire à : balancetonbraco@athenas.fr
Nous agirons et saisirons la justice pour tout témoignage fondé.

Thumbnail

Article précédent MORT SUSPECTE D'UN LYNX DANS LE JURA

Thumbnail

Article suivant Richard VIGNON veut-il la fin du Centre Athénas ?