ROBIN et NOELLE relâchés !


A l’issue de respectivement 7 et 5 mois d’élevage au Centre,deux des jeunes lynx orphelins capturés en 2015 par nos soins ont été relâchés le 31 mai et le 1er juin. (Deux autres jeunes seront relâchés prochainement leur remise en liberté ayant été différée suite à la défaillance de leurs colliers GPS).

En présence de la DREAL et de l’ONCFS et de nos partenaires de la Fondation Le PAL Nature, ROBIN (qui avait été capturé à Chapelle des Bois après la disparition de sa mère) a pris le large non sans avoir marqué un temps d’arrêt devant notre photographe. NOELLE est une triple miraculée : elle a survécu à la mort de sa mère, au projectile qui lui a déchiré l’oreille gauche, et a trompé la mort sur une des routes les plus fréquentées du Jura avant que nous la capturions le 24 décembre. Complètement remise et en pleine forme, elle a placé un sprint fulgurant dès l’ouverture de sa caisse de transport.

Relâchée sur le territoire de sa mère disparue, elle aura à éviter les mauvaises rencontres. Ce sera d’autant plus difficile que visiblement, notre alerte, lancée en février auprès du Ministère, n’a reçu aucun écho. Des hypothèses fumeuses ont même été lancées pour expliquer ces apparitions de fratries entières de jeunes lynx presque morts de faim : maladie (sélective, ne touchant que les femelles adultes et pas les jeunes), météo (????), dérangements, surpopulation de lynx. Grosso modo, nous serions des alarmistes instrumentalisant une situation tout à fait normale à des fins obscures.

Il semble que parler du BRACONNAGE soit absolument tabou. Rappelons nous tout de même, que le Ministère et ses experts n’ont absolument pas anticipé ni décelé la deuxième disparition du lynx dans les Vosges, avant qu’elle soit effective. On nous objecte qu’il n’y a pas de cadavre, donc pas de délit. Rappelons nous que SIMPLET, président de l’ACCA des Molunes a été condamné sans découverte de cadavre sur la foi d’une dénonciation de chasseur, et qu’un cas similaire sera jugé prochainement.

Rappelons nous que la femelle tuée par balle en 2014 a été trouvée par hasard par un de nos adhérents, retenue par quelques branches au dessus d’un ravin où elle aurait pu disparaître sans laisser de traces. Tant que l’Administration éludera ce problème, tant que l’omerta régnera dans les milieux concernés, il y a peu à espérer.

A l’heure où il faudrait parler conservation de la plus petite population européenne de lynx boréal (la population française, précisément, éradiquée des Vosges, et amputée du quart de ses femelles adultes dans le Massif du Jura), on se gargarise d’une étude à venir, initiée par les Fédérations de Chasse et soutenue par l’État, visant à comparer l’impact de la chasse à celui du lynx, avec en ligne de mire l’objectif annoncé de réguler… Quand on sait que, sans qu’il ait été déclassé de son statut d’espèce protégée, le loup a pu être chassé en battue, le pire est à craindre pour le lynx.

Nous demandons des moyens d’action pour la conservation de l’espèce et la lutte contre le braconnage. L’État nous a alloué 10 000€ pour notre projet d’investissement s’élevant à 250 000€ (nouveaux enclos pour l’élevage de jeunes lynx orphelins). Ce projet est actuellement en panne faute de financements suffisants, et de volonté politique de les trouver.


A ce rythme, en 10 années, il restera moins de 5 individus sur le Massif, et plus un seul jeune en mesure d’atteindre l’âge adulte. C’est exactement ce qu’il s’est passé dans les Vosges.

Plus personne ne pourra dire que nous ne l’avons pas vu venir. Nous lançons à nouveau, 4 mois après, un appel aux pouvoirs publics : si rien n’est fait, dans 5 à 10 ans la population de lynx boréal du Massif jurassien (la dernière viable de France) aura disparu ou presque.

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