Route : 3 lynx accidentés en15 jours

Une femelle adulte de lynx vient d’être sévèrement blessée dans une collision routière dans le Jura, le 25 septembre. Cette collision intervient 15 jours après le décès d’un jeune mâle à Morbier (39) quelques heures après son accident, et 12 jours après celui d’une femelle adulte près de Sombernon (21), cette dernière constituant la première mortalité connue de l’espèce dans ce département. La femelle percutée hier sur le premier plateau jurassien a échappé de peu à la mort.


Lourdement blessée (sévère traumatisme crânien et fracture semi-ouverte du tibia gauche), elle aurait pu être victime d’un « sur-accident » si un automobiliste (M. BOUSSAUD) ne s’était pas arrêté pour garantir sa sécurité et nous contacter. Elle a été capturée en début de matinée et a immédiatement fait l’objet des soins que justifiait son état : traitement du traumatisme crânien et stabilisation en prévision de l’intervention chirurgicale qui doit avoir lieu après 48h.
Cette femelle présentant les signes d’un allaitement récent, il est donc évident qu’un ou plusieurs jeunes sont dès maintenant en grande difficulté, car séparés de leur mère à l’âge de 4 mois. La dispersion (séparation d’avec la mère) se produisant à 11 mois, ils sont donc actuellement incapables de survivre en nature et doivent être recherchés et capturés pour (on l’espère) pouvoir être relâchés en même temps que leur mère rétablie.


Surprise, la radiographie réalisée a permis de mettre en évidence la présence de 5 plombs dans la tête. Les premiers écologistes de France ont-ils trouvé la solution à la pollution des sols par les plombs en les stockant dans les prédateurs ? En attendant, on continue à nous traiter d’extrémistes alarmistes lorsque nous parlons de braconnage, et à ignorer, y compris au plus haut niveau de l’Etat, nos alertes relatives au statut de conservation du lynx. L’ONCFS a récemment publié une carte de l’aire de présence en « augmentation ». Si on se penche sur cette carte, les 800km² d’augmentation de l’aire de présence concernent 1 individu jurassien (mâle) qui a dispersé en Haute Saône puis dans les Vosges du Sud, « allumant » ainsi plusieurs carrés de 100km², et 2 individus (mâles) issus des réintroductions allemandes. Mais l’aire de présence permanente reste en stagnation voire localement en régression.


Une présentation avantageuse ne peut travestir la réalité. Peut-être cette présentation a-t-elle pour but de préparer le chemin à une autorisation de capture, sollicitée par les fédérations de chasseurs et concernant 10% de l’effectif de lynx, dans le cadre d’une étude cynégéto-cynégétique qui s’est vue décriée par la totalité des associations naturalistes en raison du risque que cette manipulation ferait courir à l’espèce. Le lynx est toujours considéré par l’UICN comme une espèce menacée, et à juste titre !


La France doit assumer ses engagements communautaires et empêcher la régression de cette espèce, comme elle est sensée l’avoir accepté en ratifiant la convention de Berne. Pour l’instant, l’État ne s’est engagé qu’à hauteur de 5% dans notre projet de construction de nouveaux enclos pour lynx, projet uniquement dédié à la conservation de l’espèce.

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