Nouvelles mortalités de lynx : situation pire qu’en 2015

Nous annoncions en octobre une année noire pour le lynx et les faits nous donnent malheureusement raison. Cette année, le Centre a été sollicité à 23 reprises dans le cadre de sa cellule de veille, ce qui est totalement inédit. Cela a donné lieu à 14 interventions sur le terrain et 11 individus récupérés (1 adulte et 10 jeunes) dont 9 captures. 2 alertes sont encore en cours. Collisions routières impliquant des adultes et des jeunes dans l’Ain, le Doubs, la Côte d’Or et surtout le Jura, jeunes orphelins capturés sur des sites « historiques » du braconnage, la population française de lynx est soumise à rude épreuve.


Une femelle adulte a été tuée par collision routière le 20 novembre entre CHARCHILLA et MOIRANS (39). Un jeune ayant été observé sur place, nous avons immédiatement mis en place une cage piège et des pièges photo. Après 5 jours sans aucune nouvelle, une jeune femelle est capturée. Petite, elle semble n’avoir que 4 mois 1/2 (âge confirmé par la présence de dents de lait), et serait donc issue d’une reproduction tardive, probablement la première portée d’une jeune adulte. Heureusement, la jeune femelle capturée n’ayant jeûné que 5 jours, elle était encore en bonne condition et sera relâchée.


Le lendemain de la capture de MOIRANS, un appel nous parvient de LES PLANCHES EN MONTAGNE (39) pour signaler un jeune lynx consommant de la nourriture pour chat depuis 3 jours à côté des habitations. Arrivés sur place, nous l’apercevons à quelques mètres avant qu’il se cache. A peine le piège est-il posé qu’il se fait capturer, attiré par la nourriture. C’est une jeune femelle maigre, capturée dans la commune où déjà, 8 ans plus tôt, une femelle adulte avait disparu suite à un braconnage, et où nous avions pu sauver une orpheline (Syame, relâchée en 2011) avant que son frère soit retrouvé dans une poubelle routière avec un trou dans le crâne. Malheureusement cette jeune femelle capturée le 26 novembre dernier n’a pas survécu, victime d’une septicémie due à une vieille blessure, antérieure à se capture.


Enfin, tout récemment, le 6 décembre, un jeune lynx nous a été signalé dans une ferme des MOUSSIERES (39). Observé à plusieurs reprises et visiblement affamé, il restait la journée prostré à proximité de la ferme en lisière de la forêt. Capturé le 7, il s’avère être aussi une femelle amaigrie. Là encore, nous sommes à quelques centaines de mètres de l’endroit où M. SIMPLET, alors président d’ACCA, avait abattu un lynx avant de disperser les morceaux de son corps dans la forêt. Plusieurs personnes des MOUSSIERES nous ont fait part de leur soulagement que le signalement de ce lynx ne soit pas tombé dans « les mauvaises oreilles ». Celle-ci, capturée à temps était encore dans un état pas trop dégradé et pourra être relâchée.


Nous craignons le pire pour le lynx compte tenu de la montée de l’intolérance pour l’espèce chez une certaine frange de la population, décomplexée par les outrances d’un certain lobbyiste et l’appui non déguisé de l’État au monde de la chasse (au point de soutenir et subventionner un projet cynégétique retoqué à deux reprises par le Conseil National de Protection de la Nature et consistant à capturer 10% de la population de lynx dans le cadre d’une étude visant à obtenir sa régulation).


Démonstration de cette décomplexion, la famille de lynx sauvée in extremis par nous et relâchée après soins a été séparée par des battues. L’un des jeunes a été recapturé faible et blessé et n’a pas survécu. Nous sommes sans nouvelles des deux autres. La Côte de l’Heute (site du relâcher, territoire de la femelle) est le théâtre d’une sur-chasse effrénée. Ses chemins par endroit recouverts de maïs sont parcourus à grande vitesse tous les jours de la semaine par des 4X4 permettant en toute illégalité de traquer le gibier par des moyens GPS (pratique illégale en tant que moyen de chasse). Des tirs d’arme semi-automatique sont entendus de jour comme de nuit. Des coups de feu et des chiens courants sont entendus le mardi, jour sensé être de non chasse (y compris le jour du relâcher des lynx). Ainsi, même si nous avons la satisfaction de savoir grâce au suivi GPS que la femelle se porte bien et a repris possession de son territoire, aucun de ses jeunes n’atteindra l’âge adulte. Rappelons nous par ailleurs que cette femelle porte des plombs enkystés, preuve d’un tir antérieur. Voici comment des personnes, pour qui conservation de la biodiversité ne s’entend qu’en congélateur ou en terrine, peuvent compromettre la survie d’une espèce.



SIGNALEMENT DE LYNX

Tout lynx en difficulté doit être signalé dans les meilleurs délais au Centre Athénas, seule structure bénéficiant de l’habilitation technique et réglementaire pour la capture, les soins et la détention de lynx accidentés ou orphelins : centre@athenas.fr – 03.84.24.66.05
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