Lynx : année noire

La série noire continue pour le lynx : mort de 3 individus sur l’autoroute dans l’Ain, et de 2 jeunes orphelins en Savoie et Haute Savoie.
Dans le nord des Alpes où la population est fragile et mal connue, de bonnes nouvelles de reproduction sont obscurcies par la disparition de deux femelles adultes (dont les cadavres n’ont pas été trouvés, donc très probables victimes de braconnage, dans ces départements où le tir du loup a été banalisé).


Le premier orphelin signalé le 16 octobre à Lugrin (74) a été mis en fuite par une tentative de capture maladroite intervenue avant notre arrivée et n’a pu être retrouvé que deux jours plus tard, squelettique. Il est mort des suites de sa dénutrition.Le second a été observé le 5 octobre à Albens (73) et ne nous a été signalé que le 25 octobre (vingt jours plus tard). Très maigre au vu des photos, il est très probablement mort dans la semaine suivant l’observation, en l’absence de prise en charge.


Autre mauvaise nouvelle, deux lynx sont morts sur l’A 404 vers Montréal la Cluse (01) jeudi 25 octobre dans la soirée. C’est d’abord un jeune puis sa mère qui ont été victimes de collision à quelques minutes d’intervalle, quelques semaines après qu’un autre jeune (de la même fratrie) ait été tué à cet endroit. Les infrastructures routières font payer un lourd tribut à l’espèce, et nous travaillons avec différents acteurs dont APRR à la réduction des risques. En revanche, le braconnage, destruction volontaire, continue à être sous estimé par les services de l’État.

Chaque apparition d’orphelin ne coïncidant pas avec la mort d’une mère par collision signe une destruction volontaire par tir illégal. La complaisance dont témoignent les services de l’État pour un programme d’étude des Fédérations de chasse nous fait craindre le pire. Ce projet, qui a été retoqué par le Conseil National de Protection de la Nature à deux reprises, et fait contre lui l’unanimité des associations de terrain, viserait à capturer 10 % de la population de lynx pour réaliser un suivi « à charge » de la prédation sur les chevreuils, dans le but avoué d’obtenir la régulation du lynx.


Dans un contexte de mortalités récurrentes, de braconnage non combattu efficacement, de modification radicale des milieux sous l’effet d’événements météorologiques accentués par le changement climatique, l’attitude de l’État pose question. Nous n’avons toujours pas obtenu les échantillons demandé à l’ONCFS depuis 2 ans pour mener à bien une campagne d’analyses ADN devant bénéficier à la conservation de l’espèce, notre projet de nouveaux enclos n’a été soutenu financièrement qu’à hauteur de 5% par l’État, nos demandes de dérogations ne sont pas traitées depuis 2 années malgré des demandes réitérées, les représentants de l’État ne viennent pas assister au relâcher historique de 4 lynx, (qui se passe sans aucune protection policière, 15 jour après les atteintes à la démocratie perpétrées par les anti-ours), bref, le Ministère de l’Écologie ne se consume pas de passion pour le lynx, tout en donnant des encouragements à la cour effrénée des chasseurs. Le lynx, espèce en danger, ne pèse pas lourd face à la pêche aux voix pour les prochaines échéances. C’est ce qu’on appelle une vision à long terme…
Pendant ce temps, nous avons déjà fait face à 12 alertes concernant des lynx en difficulté cette année. 2018 pourrait bien être pire que 2015.


SIGNALEMENT DE LYNX

Tout lynx en difficulté doit être signalé dans les meilleurs délais au Centre Athénas, seule structure bénéficiant de l’habilitation technique et réglementaire pour la capture, les soins et la détention de lynx accidentés ou orphelins : centre@athenas.fr – 03.84.24.66.05
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